Carnivore, locavore, et maintenant : politacavore ?

Une conversation anodine avec un ami a été le point de départ de ma réflexion. Mon copain tempêtait alors sur les tarifs imposés à Bombardier et, absolument outré, il m’expliqua avoir décidé de refuser d’acheter tous les produits en provenance du pays de l’oncle Sam. Magasinant à ce moment-là une voiture, il affirmait sortir rapidement des garages vendant des autos dont les pièces étaient fabriquées aux États-Unis. Une bonne façon de se compliquer la vie, me suis-je dit. C’est que, m’expliqua-t-il, je suis Canadien et comme tel, je ne peux évidemment voter dans un autre pays, or, comment protester contre les états prenant des décisions ayant un impact sur ma vie et celles de mes concitoyens ? L’unique moyen que j’ai, c’est de m’abstenir d’acheter des produits ou denrées en provenance de pays qui font partie de ma « shit list », me dit-il.  C’est le pouvoir du consommateur, affirma-t-il, et c’est le seul que j’ai pour manifester mon désaccord, autant m’en servir, j’ai ainsi au moins l’impression d’agir. Vous pensez peut-être que cet ami est un cas extrême ? Interrogez des proches, vous serez surpris des réponses que vous obtiendrez. Je me suis donc posé la question suivante : est-ce que cette tendance touchera l’alimentation ? Après les carnivores, les herbivores (« vegans »), les locavores : arrivent peut-être les politicavores ? Ne courrez pas chercher votre dictionnaire, le mot n’existe même pas. C’est un néologisme sorti tout droit de ma caboche  :-). J’ai alors eu envie de voir s’il était possible d’appliquer cette ligne de conduite en me prêtant à un exercice simple : créer ma propre liste de pays gentils/moins gentils, en fonction de mes opinions. Tout un chacun a des causes qui lui tiennent à cœur, les miennes ne seront pas les vôtres. Comme j’ai perdu une copine du secondaire dans le massacre de la Poly et que presque aucune journée ne passe sans que je pense à elle, le contrôle des armes à feu est pour moi primordial, vient par la suite (et tout aussi importants) : le respect des droits de l’homme, le comportement environnemental, et bien sûr, les gestes commerciaux de certaines nations. Je me suis ensuite rendue à l’épicerie pour déterminer s’il était possible d’y faire mes emplettes en respectant ma fameuse liste. Première constatation : même si j’y portais peu attention avant, la provenance est indiquée clairement dans les rayons des fruits et légumes. Deuxième constatation : la majorité des denrées sont fabriquées par des pays faisant partie de ma catégorie « pays gentils », c’est comme si IGA ou Métro avaient lu dans mes pensées, et ce, en plein cœur de l’hiver. Troisième constatation : il n’y a que les produits en boîte ou conserve qui demandent un peu plus d’efforts, il faut chercher, mais le pays y est presque toujours écrit. Je vous rassure, mon panier ne m’a pas coûté plus cher que d’habitude. J’avais une belle variété de produits à me mettre sous la dent et faire mes emplettes ainsi ne m’a pas pris tellement plus de temps. Il est donc très facile de devenir un (e) politicavore. Bien sûr, vous allez dire : on me conseille de privilégier le local et aussi les aliments durables, dois-je maintenant faire des choix (pour moi) politiquement corrects même au supermarché ? Nous sommes premièrement chanceux, puisque les aliments locaux tombent manifestement dans la catégorie acceptable. Acheter Québec et Canada est un excellent geste et ce l’est encore plus quand on pense à l’injection importante d’argent que cela fait dans notre économie. L’on peut aussi choisir de rester dans le domaine de la récompense plutôt que dans celui de la punition. Ainsi, peut-être déciderez-vous d’acheter des produits provenant de pays à l’économie plus précaire plutôt que de pays plus riches. D’une certaine façon, ce serait également un choix politiquement engagé et qui vous fera peut-être faire d’agréables découvertes culinaires. En fin de compte, j’ai compris que c’est mon ami qui a raison. Le pouvoir d’achat des consommateurs est puissant, il est peut-être temps de mieux s’en servir pour exprimer nos opinions. Qu’en pensez-vous ?   Anick        

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